Cette forêt et moi

Je crois que dans cette forêt, se dissimule une essence commune avec mon âme. C'est la seule raison essentielle qui justifierait cet amour  éprouvé quasiment instantanément il y a quatre ans. Me ressourcer en son sein devient un besoin spirituellement vital. Quelque soit mon humeur, joyeux, triste, confus, dubitatif ou même en colère, un apaisement sous forme d'oublie temporaire ou pour de bon m'est toujours offert par elle.

Humant son odeur, je me balade sans mot dire. Cela n'en est point comme un désarroi que je répugne avec certains aspects de la société moderne, ni une indifférence à force de baisser mes bras et en ressentant l'impuissance. Il s'est naturellement formé en nous cette spontanéité de compréhension mutuelle. Les mots explicitement prononcés en deviennent superflus. Chaque élément composant m'explique à sa façon comment devrait je concevoir une réflexion. L'arbre, l'eau, le vent, la pluie et les animaux en font tous sans exception partie. le temps différent n'y change rien non plus. le vent qui souffle, la pluie qui cingle ou qui caresse, les nuages qui refuse de laisser passer la lumière, jusqu'à la neige qui met tout le monde sous sa couverture sans consulter l'avis d'un quiconque. Les saisons? pas plus non plus. L'été où le soleil qui positive tout sur tout, l'automne où chaque vue, chaque angle en soi est un poème complet, l'hiver qui n'est guère une fin mais selon moi l'annonce d'un nouveau cycle et le printemps où aucun espoir n'est d'excès, toute espérance est logique et rationnelle.

Je ris avec elle sans retenue quand les coquins champignons poussent selon leur gré et avec toutes sortes de couleurs différentes. Je demeure silencieux pendant de longs moments avec elle, quand des doutes s'installent abruptement sans prévenir. Je suis furieux avec elle, quand les satanés panneau de "chasse en cours, merci pour votre compréhension" reviennent comme un dégoutant et hideux personnage sans scrupule, car nous ne pouvons jamais éprouver aucune compréhension pour ces monstres. Et il m'arrive de pleurer avec elle quand nous entendons une mélodie soudainement si mélancolique qui nous rappelle des choses dans le passé.

Mon nom, ma forme physique, mes propriétés n'ont plus de sens quand je suis avec elle. Je fonds en elle et elle m'accepte sans poser de question. Nous respirons ensemble à notre rythme et nous voyons à travers mes yeux. Nous formons un seul être, et nous partons très loin...