Vraiment pas vrai

un peu de gym mental.

Vraiment pas vrai
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Cet après midi, lors d'une discussion, j'ai sorti une phrase dont j'ai été assez content pendant quelques courtes secondes. (les secondes ne changent pas de durée, c'est la durée de quelques secondes qui est courte, enfin bref)(cela commence mal pour être bref, n'est ce pas?). La phrase est, "la seule vérité absolue est qu'il n'y a pas de vérité absolue". Puisque j'ai dit que le contentement était de courte durée, je me suis rendu compte avec la réplique de mon interlocuteur, que si cette phrase est "vraie", il y a au moins une vérité absolue, sinon cette phrase même est fausse également. L'autosatisfaction en devient quasiment une honte. Comment aurais je pu être aussi égocentrique? Cela fait des années que je déteste qu'on me dise que je parle bien français, parce que j'estime que ce compliment est réservé aux non-francophones. Nous complimentons les bébés ou jeunes enfants pour "pas grand-chose" parce que nous pensons qu'ils ne sont pas "grandes personnes". Alors si j'ai été fier de ma phrase, c'est sans doute parce que j'ai pensé qu'elle est bien formulée. Que vaut une phrase bien formulée mais qui ne veut rien dire? Des grands maitres n'ont pas recours aux formules théoriques obscures pour démontrer leur supériorité. D'ailleurs leur force est justement dans cette simplicité si compliqué à atteindre.

Pourquoi j'ai dit vérité "absolue"?

Parce que j'estime qu'il n'y a que des vérités relatives. Y compris des entités scientifiques. Si un plus un égale deux et non pas trois, c'est parce que nous devons atteindre un objectif précis et concret. Cette vérité est donc un code commun. Il s'agit d'une question terminologique. Sous réserve que dans un pays qui n'échange jamais aucune information avec d'autres pays, et que dans ce pays tout les habitants qualifient le "noir" de "blanc", alors le noir est blanc. Jusqu'au jour un intrus provenant d'ailleurs leur fait remarquer cette "absurdité". Au début, ils vont se moquer de lui parce que tous le monde pensent ainsi. Et puis le doute s'installera chez une, deux, trois et de plus en plus de personnes. La vérité finira par s'éclater, ils vont se rendre compte que dans un monde extérieur, qui est mille fois plus grand que leur pays, le noir n'est pas blanc mais noir. Ces affirmations n'en demeurent pas moins relatives car elles peuvent rester vraies dans certains contextes. c'est nous qui définissons des notions, et quand ce "nous" change, que ce soit avec le temps ou des conditions particulières, la même définition deviendra discutable.

Qui dit que les autres pays ont raison?

Justement, ça devient un peu bancal parce que hormis les autres pays eux même, non. Et si un jour, venant d'un monde encore plus grand, quelqu'un leur dit que c'était le pays "absurde" qui avait raison? c'est donc une raison de majorité. Si la majorité a raison, c'est parce qu'ils sont plus forts en nombre. Lors du début de la discussion sur la théorie de géocentrisme, la majorité avait tort de penser le contraire. L'héliocentrisme prend alors le dessus. Au moment où tout le monde est relativement convaincus que c'est bien le soleil le centre, nous comprenons non seulement que les deux tournent tout seul et chacun tourne autour de l'autre selon repère. Est ce clair maintenant? Mais non toujours pas, parce que si je vous demande, à n'importe qui qui croire dur comme fer que c'est vrai, si vous avez vu de vos propres yeux, vous me direz normalement non. Alors pourquoi vous y croyez maintenant? Encore une fois parce que l'on vous l'a dit. Et qui dit que la personne qui vous l'a enseigné, votre prof du lycée, votre collègue du bureau, votre papa, ont raison? En quoi somme nous différents des autres ignares de l'époque qui se fiaient uniquement aux paroles prononcées par des personnes à priori plus savantes que nous?

En quoi cela est problématique pour ce pays dont les habitants considèrent que le noir est blanc?

Il n'y a absolument aucun problème puisqu'il est en l'occurence une question terminologique. Si depuis le début de notre ère, le monde entier considère que le blanc d'aujourd'hui s'appelle noir et vice versa, les choses se feront ainsi. Il s'agit d'une mise en commun codifiée afin de rendre possible la communication. Deux personnes qui ont des repères différents en terme de couleur ne peuvent pas s'échanger sans incompréhension. Nous sommes tenus à fixer d'abord nos repères communs, de codifier de la même manière, si nous voulons procéder aux échanges. Au final, ce qu'est réellement noir ou blanc n'a plus d'importance.

Est ce que nous pouvons étendre cette réflexion sur tous les domaines et sur tous les sujets?

Un des domaines où une bifurcation aura des conséquences catastrophiques sera celui des sciences. Imaginons qu'un scientifique qui pense que un plus un égale deux et d'autres trois. La science t'arrêtera. Cela signifie que d'abord tout le monde doit se mettre d'accord de ce que représente les chiffres et après tout le monde se mettent d'accord sur l'équation en présentation. L'exploit des premiers savants en mathématiques ne doivent pas leur découverte de comment calculer mais normalisation des ententes. Encore une fois, un plus un égale deux n'a de sens que si tout le monde est d'accord et partent sur la même ligne.

Il y a aussi l'exemple du domaine moral. Certaines pratiques considérées comme étant barbares peuvent sans aucun souci être prises pour des rituels sacrés. Si le dégout peut est dans la tête de certains c'est parce que ces derniers ne partagent pas les mêmes coutumes. Pour certains croyants il est inconcevable de consommer un tel aliment. Cette restriction est elle scientifique et rationnelle? Et si tout le monde le fait? Et si personne n'en pratique?

Qu'est ce qu'une vérité alors?

Une vérité? Lexicalement, 1, ce à quoi l'esprit peut et doit donner son assentiment par suite d'un rapport de conformité avec l'objet de pensée, d'une cohérence interne de la pensée; connaissance à laquelle on attribue la plus grande valeur. 2, connaissance conforme au réel; son expression. 3, caractère de ce qui s'accorde avec notre sentiment de la réalité. Il y en a encore d'autres avec de différentes subtilités et nuances, que je nous en passe. Je constate clairement avec ce dictionnaire de Micro Robert, que la vérité ne doit pas se détacher du réel. Mais ce réel est réel parce que cela nous convient. Nous lui accorderons nos assentiments parce que nous avons vu (du moins pensons avoir vu) la vérité. Hélas, nos conception, perception, assentiment, constat ne peuvent jamais sortir de leur limite contextuelle. Cela va par l'aspect temporel, espace. Et plus souvent par nos environnements sociétales et familiales, notre éducation etc. Il n'y a donc jamais d'avis objectif sans aucun biaisement. Et pour notre défense, si nous ne sommes jamais influencés par les environnements, nous serons simplement des idiots puisque nous n'aurons jamais eu d'éducation ni instruction dans tous les sens du terme.

La conclusion (encore et toujours hâtive) est qu'il faut rester lucide du fait que nous ne détenons pas de visions et avis absolument objectifs. Donc notre vérité qui en dépend ne peut être que relative également. Partant de ce principe, nous pouvons et devons encore se mettre d'accord sur le point de vue et la nomination en pratique, mais il faut cesser de vouloir à tout prix à prouver que nous avons raison, de se dire que tout est relatif. Quand on cesse de comprendre quelque chose, le plus négative puisse elle être à notre avis personnel, nous serons pas le moindre plus intelligent qu'elle. Faisons tous preuve d'ouverture d'esprit.