Travailler, pourquoi faire?

Travailler, pourquoi faire?
une forêt inspirante qui s'appelle Forêt de Sénart par MZ

Encore une question métaphysique qui m’intéresse énormément ces jours ci. Oui, ce questionnement dont l’issu, avec ou sans clé, nous sera probablement bénéfique. Oui, comme d’habitude, je n’ai pas de réponse précise à ma question. Et NON, il n’est pas une perte de temps de s’attarder à cette question, au lieu d’aller travailler concrètement. Surtout, si nous ne somme pas surs qu’en quoi doit/peut consister ce mot à la fois encourageant (pour ce qui trouve son sens pour lui), rebutant(pour ce qui n’en voit qu’une contrainte), confus(pour ce qui s’interroge mais tourne en rond).

Avant de se lancer dans la périlleuse réflexion, de retrousser ses manches, c’est quoi le travail? Sans quoi aurons nous sans doute vite perdu le sens de ce pèlerinage. D’après le dictionnaire commun à notre portée à tous, il s’agit d’une activité humaine organisée en vue de produire ce qui est utile. Ah! Ça nous avance quand même pas beaucoup n’est ce pas? Mais oui, une activité humaine parce que je suis un humain. Organisé, parce que je « travaille » souvent dans un cadre prédéfini comme une entreprise, une école, une association ou tout autre. Mais « utile »? Qu’est ce qui est utile? Et utile pour qui? Est ce l’acte de « travailler » en soi est utile? Parce que y’aura le salaire qui tombe à la fin du mois( ou au début du mois suivant). Et si dans un cas extrême, une personne plus que généreuse accepte de me payer sans que j’aie à travailler? Perdrais je toute utilité et mon travail? Ou alors je dois considérer ce dernier paiement quand même comme un échange de quelque chose comme suggèrent les stoïciens? Non seulement personne à priori accepterait de me payer sans me faire travailler, mais aussi j’aurais de gros doute sur son intention. J’ai vu une vidéo il y a un bout de temps que quelqu’un propose de l’argent « gratuitement » dans la rue, les passants ont été effrayés. Sur le fonds, parce que ce proposant voulait faire comprendre par cette vidéo que l’on peut investir en immobilier sans bouger son petit doigt. Un gros raccourci de déduction bien dangereux à mon goût. En plus son geste n’est clairement pas gratuit, mais un paiement pour ces passants qui acceptent de devenir son acteurs pour en convaincre d’autres. Enfin, si ce sont des vraiment passants, car il n’est pas exclus que c’en est des acteurs tout court.

Si l’acte de travailler n’est pas forcément utile, c’est plutôt le résultat. Personne ne peut nier que le salaire nous est fort sympathique et utile pour nous procurer des objets dont nous en avons envie, de subvenir à nos besoins vitaux et nous permettre de nous faire plaisir de tout genre. Mais y’a pas que des adultes qui travaillent, auquel cas, il est plus facile de faire le rapprochement entre les jours de travail et le jour de paie. Il y a aussi des enfants, on leur souhaite bien à la rentrée de « bien travailler ». Dans ce cas de figure, je trouve que le résultat est moins flagrant, dû à son rendu différé. Un enfant qui travaille bien ne verra la plupart du temps pas son travaille récompensé. Au mieux, on révise le soir pour l’examen le lendemain. Pourvu que le professeur ne soit pas trop dur hein! Sinon ces pauvres gamins qui se forcent à rester devant son ordinateur ou manuel aurait travaillé pour « rien ». Et si tu leur demandent si c’était utile? J’en doute que ce soit une réponse affirmativement positive. Et il est encore sans parler des étudiants qui sont en études supérieurs, où les partiels sont beaucoup plus espacés et des fois même une soutenance aurait la seule preuve de l’année. Comment savoir si c’est utile tout au long de la période où aucun résultat immédiat ne pointe son nez? Je me retourne vers Monsieur Sponville, et il me répond qu’il s’agit d’une activité, presque toujours fatigante ou ennuyeuse, qu’on fait en vue d’autre chose. Ah, voilà que c’est clair. Qu’on puisse l’aimer ou y trouver du plaisir, c’est entendu. Mais ce n’est un travail, non un jeu, que parce qu’il ne vaut pas par lui-même, ni pour le seul plaisir qu’on y trouve , mais en fonction d’un résultat qu’on en attend et qui justifie les efforts qu’on lui consacre. Et surtout, ce n’est qu’un moyen, qui ne vaut qu’au service d’autre chose. Là je pense que tout le monde est d’accord. Non seulement nous mettons en avant l’aspect désagréable « fatigante » et « ennuyeuse », mais également restons plus prudents en disant que c’est en vue d’autre chose.

Sachons que « travailler » est issu d’un latin populaire « tripaliare » littéralement « tourmenter, torturer avec le « trepalium », un instrument de torture. En ancien français travailler signifie faire souffrir physiquement ou moralement. Cependant, dès également l’ancien français, plusieurs emplois impliquent l’idée de transformation acquise par l’effort. Et c’est précisément là je voulais en venir. Alors cet autre chose, peut être bien tout. Si nous enlevons la rémunération en argent, non pas parce que l’argent ne m’intéresse pas, mais parce que cet argent ne peut avoir un sens que si je m’en sers, sinon cela restera des papiers colorés quiconque. Et dans la même logique, nous enlèverons également les notes ou reconnaissances extérieures. Non pas parce que je n’étais pas intéressé par une bonne note à l’époque où j’étais aussi étudiant à l’école, mais parce que cette note ne peut avoir un sens que si nous la transformons dans une recherche d’emploi, ou tout autre outil qui nous permettent à arriver à une fin. Sinon cela ne reste pas plus qu’un autre chiffre qui n’a aucun sens en soi. Une phrase que j’ai entendue, nous n’étudions pas pour avoir un bon travail (ici au sens commun et classique d’un poste), mais pour que l’on ait du choix dans un futur. Donc, je traduirai volontiers cette autre chose par un développement personnel. Je pense pouvoir affirmer sans difficulté que tout le monde souhaitent être meilleur (que soi qu’à l’instant antérieur), mais que tout le monde n’est pas prêt à fournir l’effort adéquat car c’est douloureux, fatigant, ennuyeux. il est incontestable que l’on est face à un environnement extrêmement rythmé. Nous faisons face quasiment en permanent (sauf perte de réseaux) des informations « divertissantes », une vidéo rigolote d’un animal mignon, une personne qui tombe pour une raison peu probable, un corps magnifiquement bien ondulé ou des muscles en forme de tablette de chocolat que j’ai pas. Comment se dire il y a peut être autre chose qui devrait davantage attirer mon attention? C’est certainement difficile de quitter son écran pour prendre un livre de pensée ou théorique. Surtout, la lecture de ces informations potentiellement plus utiles n’apportent vraisemblablement pas de récompense dans l’immédiat. Pourquoi je dois fournir cet effort? Après une dure journée de travail « contrainte par raison financière », n’ai-je pas mérité mon repos? Personnellement, c’est cette « utilité » qui m’y encourage. C’est de ne pas souffrir d’une pauvreté spirituelle. Il est fort désagréable de suivre des idées sans comprendre pourquoi, et sans chercher pourquoi. Et un autre problématique survient, il faut savoir ne pas avoir compris avant de chercher à comprendre. Quand on ne sait pas qu’on est malade, on ne va pas chez le docteur. Il faut donc savoir que nous somme sous-développés intellectuellement avant de vouloir entamer ce processus de développement personnel.

Et si vous arrivez à cette ligne, vous êtes forcément déjà capable à vous interroger, dans ce cas là je vous invite vivement à m’accompagner à nous poser des questions du pourquoi. Ces questions seront le bon début pour une suite enrichissante.