虐心术 / Les larmes que la pluie efface
我向来喜欢雨,喜欢雨水中间混合着伤感的蓝调。那仿佛黑白画面的释放,可以暂时掩盖人间的喧哗与挣扎。没有色调的背景适合孤独对残存意志的终极屠戮。
J’ai toujours été séduit par la pluie, cette pluie bleuâtre et mélancolique. Elle ressemble à une libération en noir et blanc, capable d’étouffer un instant le vacarme et les acharnements de ce monde. Ce fond monochrome est le décor idéal pour le massacre ultime par la solitude à l'égard de ce qui reste de détermination.
在夜晚潮湿的不快不慢的节奏中间,我喜欢自己一个人将那把无形的刀子慢慢从心口处戳入,再轻轻地绞动,不停。在酣畅的暴雨倾盆扑至的时候,选一张类似杜普瑞的碟片,或者其他的语言或者类型都不太重要,只求把音量放到很大。情绪得到旋律的指引,宛若与窗外的雨缠绵成一体。
Dans le rythme lent et humide de la nuit, j’adore, tout seul, enfoncer lentement ce couteau invisible dans ma poitrine, puis le faire tourner doucement, jusqu'à l'infini. Quand la pluie torrentielle s’abat avec fracas, je choisis un disque, peut-être de Duprès, ou un autre – peu importent la langue ou le genre musical, pourvu que le volume soit fort, étourdissant. Que les émotions se soumettent à la mélodie, qu’elles se fondent dans les ondées qui s’enlacent dehors.
假如有可能的话,一个人躲在车里面更好。车窗仿佛在预言着我与外面世界的注定隔离,玻璃窗上模糊视线的水流开始慢慢麻痹我的感知。抱紧膝盖,将无所谓的肉身压缩进骨骼里另外一个自己。集中注意力,哪壶不开就专提哪壶好了,怎么不开心便怎么想就是。放肆地挑战自己的心里承受上限。将所有已经愈合或者还在结痂的伤口逐一剥开。
Si possible, je préfère m'oublier seul dans une voiture. Les vitres prédisent mon détachement inévitable du monde extérieur. Les filets d’eau qui brouillent ma vision sur le pare-brise commencent à anesthésier mes perceptions. Je serre mes genoux, je comprime ce corps indifférent dans un autre moi, replié au fond de mes os. Je me concentre. Je pense à ce qu’il ne faut pas penser, précisément ce qui me torture le plus. Je titille les limites de ma propre tolérance mentale. J’écorche une à une toutes les blessures, qu’elles soient refermées ou encore en train de cicatriser.
再将很久便向外流不出来的眼泪用喉咙里那团火焰烤干,将炼制出来的轻薄一层盐撒在上面就差不多完美了。痛到麻木应该就从此不太会分辨清楚车窗内外的事情。整个神经系统会像忘记飞离北方的候鸟,一次又一次清算着大提琴低音拍打心脏内壁的次数。当雨滴跟呼吸妥协着形成默契,当所有的为什么都无法继续,便大声的告诉自己,今天只是偶尔,下一个雨夜,继续。
Et ces larmes, qui ne coulent plus depuis longtemps, je les fais sécher avec cette flamme logée au fond de ma gorge. Ce feu raffine une fine couche de sel que je répands ensuite sur les plaies. Ce sera presque parfait. Une fois la douleur devenue engourdissement, on ne distingue plus vraiment ce qui se passe de part et d’autre de la vitre.
Tout le système nerveux devient alors comme ces oiseaux migrateurs oubliant de quitter le nord. Je recommence encore et encore à compter les coups sourds de l’archet sur les parois intérieurs du cœur. Quand les gouttes de pluie s’accordent enfin à mon souffle, quand tous les « pourquoi » s’effondrent, il ne reste plus qu’à me dire à voix haute : aujourd’hui n’est qu’un hasard, enfin... jusqu'à la prochaine nuit de pluie, on recommencera.